La campagne gronde.
Les laissés-pour- compte se soulèvent.
Le glas de la tyrannie sonnera bientôt.
Historiquement, les populations du versant est du Haut Atlas n’ont jamais été
totalement soumis au makhzen. Le makhzen ne s’aventurait guère dans ces régions
peu riches. En véritable prédateur, en grand pilleur, le makhzen n’avait
pas intérêt à « risquer sa peau » pour un maigre butin, surtout que
les tribus du coin ne se "laissaient pas marcher sur les pieds".
C’est pourquoi, la résistance des
Aït Hammou à la colonisation (1907 – 1934) était dirigée contre l’armée
française et contre l’armée du makhzen. Les gens de la région avaient compris
que le makhzen (par les actes du Sultan Moulay Hafid) avait appelé à son
secours l’armée coloniale.
Par la suite, c’est la direction
bourgeoisie du Mouvement National qui a aidé le makhzen à conquérir les régions, historiquement, insoumises. A l'exception du brave Rif, la campagne fut un
pilier inconditionnel du régime après les honteux accords d' Aix-les-bains
(1955) et la pseudo-indépendance qui s’en suit.
Il faut attendre des décennies de
déceptions, de farces électorales, de marginalisation, d’exclusion,
d’appauvrissement… pour que les populations de ce Maroc
« inutile » se rebellent contre le régime makhzenien. Aujourd’hui,
les masses populaires des régions appauvries par les choix du régime, les
quartiers populaires (bidonvilles…) urbains prennent la relèvent de la
résistance. L’ère de la petite bourgeoisie citadine est révolue.
La Femme et la jeunesse des régions et quartiers des déshérités sont à
l’avant-garde des luttes actuelles. Les travailleurs et autres producteurs ne
tarderont pas à se joindre au mouvement révolutionnaire. Le glas de la tyrannie
sonnera alors.
Les « intellectuels » ont
démissionné. Ils préfèrent défendre un ordre (ou cohabiter avec) établi
qui leur assure leur pitance que de cautionner des mouvements pour
un lendemain incertain. Pour mieux comprendre l’anti-makhzenien qui prédomine toujours dans
certaines régions (du moins dans la mienne), relisons ce qu’a été écrit en
1952 par un officier de l’armée française qui avait combattu (avec l’appui des
armées du sultan) des farouches tribus du versant Est du Haut Atlas.
Le colonel français n’avait pas parlé bien sûr des pratiques de l’armée coloniales :
exécutions sommaires, la torture inhumaine à « tonneau » (pratiquée
surtout à Talsint), pillages, viols…
Bonne lecture.
Ali Fkir, le 23 juillet 2017
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Relisons cette partie extraite du "Le petit berger qui devint communiste".
Le
milieu social où a vu le jour le petit berger
Le petit berger qui deviendra communiste est né dans une grande famille
semi-nomade, Aït Boubker ou Youssef, fraction des Aït Hammou de Talsint, ces
derniers font partie des Aït sghrouchen
qui s’étendent de la province de
Ksar es-Souk/Errachidia (Sud-Ouest) à la province de Figuig (Est), à Missour
(nor-ouest). Les Aït Sghrouchen se trouvent aussi dans les province de
Boulmane, d’Ifrane…
Talsint est la capitale des Aït Hammou.
Le petit berger est né en 1946 sous une tente de fortune
quelque part dans la région semi-aride qui entoure Beni Tadjit, situé à 30 km
de Talsint. La famille du petit berger est installée au milieu des Aït Issa et
non au milieu des Aït Hammou dans un douar appelé Taghannamit.
Le petit berger écoutait avidement son père, mais surtout son
grand père et son oncle Ali parler avec fierté de l’odyssée des Aït Hammou qui
s’étend de l’année 1907 à l’année 1934. Le grand père, Mohand ou Ali ou Fkir,
avec Mohand Agharbi, Oustih, Boutelout, Lahcen ouhmad, Talab Idir et d’autres
valeureux guerriers avaient dirigé une résistance farouche à la colonisation
française, aux troupes makhzeniennes et
aux milices encadrées par des officiers français. La marche/résistance a
parcouru des milliers de Km, et a duré 27 ans. Historiquement, ils étaient toujours
en conflit avec le makhzen. L’allégeance au sultan leur était inconnue.
L’Histoire officielle ne parle pas de cette résistance comme
elle ne parle pas de la révolution rifaine, de la république proclamée par Abel
karim Al khattabi…car les sultans étaient partie prenante contre cette
résistance.
Dans leurs narrations les vieux guerriers ne faisaient pas de
différences entre le makhzen et les envahisseurs étrangers.
La grande famille du petit berger était semi-musulmane
semi-païenne. A part son père et son grand père, personne ne faisait la prière.
Aucun hadj dans la famille. On observait la ramadan, mais s’il tombe au moment
des grands travaux on le bouffait sans remord aucun.
Il fallait au petit berger plus de 50 ans après pour se
rendre à l’évidence que ce que racontaient sa famille est véridique. Mais de
toute façon il a été marqué depuis son enfance par l’anticolonialisme,
l’antimakhzanisme et par la méfiance quant aux prêches religieuses.
Contrairement à ce que véhicule l’histoire officielle, les
chorfas, les soufis, les confréries religieuses, n’ont pratiquement joué aucun
rôle positif dans la résistance contre la pénétration française, du moins dans
la région de Tafilalet.
A Tafilalet, les ksours des chorfas étaient les premiers à
ouvrir leurs portes aux envahisseurs, comme l’avait fait le sultan Moulay Hafid
à Fès.
Moulay
Ahmed ou Lahcen-es-Sbaï, qui a dirigé les batailles de BOUDNIB (1907-1908), fut
l’exception, et d’ailleurs il s’éclipsa par la suite.
Voyons un peut ce
qu’ont dit certains officiers français des Aït Hammou. Source :texte du
Lt-colonnel J.Barrère paru dans la Revue Historique de l’Armée, N°3,
1952.
« Irréductibles,
on peut les considérer comme tels ces Aït Hammou, ou mieux les Aït Tseghrouchen
du Sud, qui abandonnèrent leurs biens à l’arrivée des colonnes Makhzen dans
l’Est de l’Atlas et qui, de “bled es siba” en “bled es siba”, traversèrent
d’Est en Ouest tout le Maroc pour céder enfin sur le rivage de l’Océan
Atlantique, vingt-six ans plus tard.
Quelle odyssée fut la leur, assombrie, d’un
côté, par des actes de banditisme, de rapines, de meurtres, mais éclairée
singulièrement, d’un autre, par cette ardeur guerrière qu’ils montrèrent dans leur
volonté et leur résistance indomptable pour rester des hommes libres. Exemple
unique au Maroc, où les tribus berbères, si elles ont habituellement défendu,
et souvent avec quelle âpreté, leur pays d’origine, ne se sont jamais résolues
à l’abandonner avec l’intention de poursuivre, en dehors de leurs montagnes, le
combat et la lutte.
Les opérations de pacification chez les
Beni-Snassen, à la frontière algérienne, terminées au début de 1908, provoquent
dans tout le Maroc oriental, jusqu’au Tafilalet, une profonde émotion au sein
des tribus en majorité semi-nomades. Un marabout originaire de Douiret-Sbaa (50
km SW de Talsint), Moulay Ahmed ou Lahcen-es-Sbaï, appelle alors à la guerre
sainte. Les Aït Tseghrouchen, qui sont les premiers à accourir, constituent le
noyau solide autour duquel s’organise une harka.
Le 16 avril 1908, à Menabha, la harka essuie
de lourdes pertes face aux troupes makhzen; puis ce sont les combats de Bou
Denib (mai 1908), du Jorf (septembre 1908), qui la disloquent complètement. Les
Français et les troupes makhzen qui occupent Bou Denib, Tazzouguert et
Beni-Tadjit, lancent des actions vers Gourrama et Anoual. Les Aït Aïssa se
soumettent, cependant que les Aït Hammou continuent à harceler les troupes.
Dans la vallée du Guir, un accrochage anéantit un de leurs djichs, et par une
funeste inspiration on ne laisse pas les femmes Aït Hammou récupérer les corps
des tués. Les cadavres sont jetés dans un lit de broussailles enflammées et
incinérés. …..Sous la conduite de leur kébir Hammou-Ali-Akerdous, la fraction
Aït Hammou replie ses tentes et commence une odyssée de vingt-six ans qui va la
conduire jusqu’à l’océan.
En 1917, leurs campements s’échelonnent entre
la vallée du Haut-Rhéris et le Ferkla, encore à peine à deux jours de marche de
Talsint. Ils ont atteint cette région petit à petit, en réglant leurs étapes
sur l’avancée de la pacification et surtout en participant à tous les combats,
à toutes les escarmouches, aux côtés des tribus engagées.
Les opérations de 1919 commencent à les
éloigner du Nord. En 1928, année de la création du poste de Ouarzazate et début
de l’expansion des forces makhzen au Sud de l’Atlas, leurs campements ont
reflué dans le Tafilalet, base de leur ravitaillement, lieu d’écoulement de
leurs prises et théâtre idéal pour leurs intrigues. Ils nomadisent également
dans le djebel Ougnat, refuge remarquable contre l’aviation.
En février 1932, ils atteignent le Draa,
remontent ensuite l’oued Tamanart et campent en mai à Foum el Hassane. En août
1932, ils sont à Goulimine et demeurent ensuite dans l’Oued Noun jusqu’aux
premiers jours de mars 1934, fin officielle du bled “es siba” au Maroc.
Pendant vingt-six ans, auréolées de sa
réputation d’irréductibles dans la dissidence et d’ardents baroudeurs, cette
fraction Aït Tseghrouchen va jouer un rôle important auprès de toutes les
tribus en lutte contre l’avancée inexorable des troupes makhzen. La sécurité
des Confins Algéro-Marocains sera soumise pendant un quart de siècle au
problème Aït Hammou.
Pour donner un exemple sur leur qualité de
djicheurs, on a estimé leurs tués au feu, durant le temps de leur dissidence, à
moins de 70 hommes, alors que du 1er août 1929 au 1er août 1930, au cours d’une
seule année, les pertes makhzen dans leur zone d’action se sont élevées à 208
tués, 109 blessés et 149 armes enlevées.
Particulièrement sur la fin de la pacification
où la lutte s’intensifie dans des zones plus restreintes, leurs actions, pas
toujours de guerre, vont aller en s’accentuant.
…
Le 23 novembre 1926, près de Bou Denib,
plusieurs indigènes d’un chantier et un sous-officier sont tués. Le 25, un
djich attaque au Taforalt les troupes makhzen de Beni-Tadjit et de Talsint dont
les pertes s’élèvent à 18 tués et 6 blessés.
Le 16 avril 1927 au Tizi Gzaouine (10 km au
Nord de Talsint), un peloton de spahis tombe dans une embuscade : le lieutenant
Dolat et 6 cavaliers sont tués.
Le 18 mai 1927, 3 camions sont arrêtés au col
de Sidi-Belkacem, 6 morts dont le fils du général Estienne. Le 25, le capitaine
Thomas, du 2e Étranger et 4 légionnaires sont tués au Teniet Kébira (Nord de
Bou Anane).
Le 28 juin 1928, 50 djicheurs assaillent près
d’Anoual le groupe-franc du 3e R.T.M. et après un dur combat tue le lieutenant
de Baulny et 14 tirailleurs, font 10 prisonniers et enlèvent 22 armes à tir
rapide.
La même année, la Compagnie Saharienne du Guir
tombe dans une embuscade à Bou Bernous et a 37 hommes hors de combat.
Le 8 septembre 1929, le groupe-franc du 3e
R.T.M. de nouveau, attiré dans une embuscade non loin de son poste d’Atchana,
perd en quelques minutes 38 tués ou blessés et 9 disparus, 37 armes à tir
rapide sont enlevées.
Un des coups les plus spectaculaires sera
celui de Djilani. Le 8 octobre 1929, un djich de 150 fusils sort du Tafilalet
en direction de l’Algérie. Le 14, quatre détachements algéro-marocains cernent
le djich près de Djilani; une compagnie algérienne de Légion montée s’engage
seule, elle est presque entièrement anéantie, les survivants seront sauvés par
l’intervention d’un détachement marocain. Une poursuite forcenée n’aboutit à
rien; les pertes s’élèvent à 50 tués, 20 blessés, 35 fusils, 38 mulets et 2
chevaux enlevés; le djich a perdu 18 tués.
Le 10 avril 1930, un djich de 120 hommes entre
en action. Le 13, une fraction attaque la fezza d’Almou n’Aït Aïssa, dont le
chef a fait sa soumission depuis peu. Il est tué avec 14 de ses hommes. Le 14,
le djich est accroché au Sud du djebel Bou-Khous (12 km Est d’Atchana), 3 tués
et 13 blessés dans les troupes makhzen après 8 heures de combat. Le 15, au
cours de la poursuite, la fezza de Bakno (11 km Ouest d’Atchana) perd 19 tués
et 6 blessés. Le 16, le djich réussit à échapper à une compagnie de Légion
montée et à un groupe important de partisans qui le talonne en traversant le
Ziz à 8 km au sud de Ksar-es-Souk (Er Rachidia). Le 17 au matin, il est
accroché à l’oued Saf-Saf (Nord de Tarda) par le 83e Goum marocain, mais il
échappe à l’étreinte et réussit à se réfugier dans le Tadighoust. En plus des
fezzas, le bilan des pertes makhzen est de 3 tués et 13 blessés dans les
troupes régulières et 34 tués, 9 blessés dans les forces supplétives ou chez
les partisans.
Le 13 juillet 1930, un fort djich attaque
quelques soumis dans la haute vallée du Ziz. Il est pris à partie par les
forces supplétives qui, à la suite d’une mauvaise coordination, perdent 29 tués
dont le lieutenant Sirou.
Le 24 juin 1931, un djich de seulement 6
fusils surprend la fezza de Fertoumach au Tizi n’Ouzgou et lui tue 21 hommes et
en blesse 7.
Le 7 juillet 1932, les Aït Hammou brûlent 3
camions au Foum Amara sur la piste d’Igherm à Akka, après avoir tué les
chauffeurs, le capitaine Murel, deux sous-officiers et 7 hommes; ils pillent
les marchandises et dépouillent les victimes d’une importante somme d’argent.
Le 28 novembre 1932, un djich important
attaque à Hassi el Kerma, un groupement composé de 9 pelotons et 4 sections de
goums. Les pertes s’élèvent à 22 goumiers tués et 18 blessés; 23 chevaux, 11
mousquetons et 2 F.M. sont enlevés.
En 1933, l’avancée inexorable et l’importance
des troupes envoyées dans l’Atlas et dans le Sagho pour pacifier les dernières
poches de dissidence entravent les actions des Aït Hammou dont quelques
fractions se battront encore au Baddou et au Bou Gafer.
En mars 1934, pendant les derniers combats de
l’Anti-Atlas, un groupe de 80 tentes Aït Hammou réussit à se réfugier au Rio de
Oro mais soumission pour soumission, il préfère la demander au Makhzen en
sollicitant en même temps l’autorisation de rentrer à Talsint, ce qui leur sera
accordé contre la remise de leur armement complet.
Le colonel Jean Boule Desbareau, à l’époque
lieutenant nouvellement en poste (juillet 1930), raconte ses premiers contacts
avec une fraction Aït Hammou ralliée après le combat de Tarda : “J’entre
dans la pièce où habite le chef et je partage un repas avec lui et cinq de ses
meilleurs guerriers. C’est la première fois que je vois des Aït Hammou dont
j’entends sans cesse parler depuis deux mois. Hommes, femmes, enfants, je ne
crois pas possible d’unir comme ils le font la finesse, la beauté et la
sauvagerie ! Ce sont bien de grands seigneurs du baroud, leur seule passion. La
majesté des femmes est impressionnante : à tout âge, elles semblent faites de
feu et d’intrépidité; leurs bijoux conviennent le mieux à leur allure farouche;
leur démarche a une souplesse féline, prête à l’attaque.”
D’un autre écrit sur « 1907/1934 Résistances
Berbères », J’extrais ceci :
« Que se passe-t-il en cas de non respect d’un
engagement ?
Parmi les réponses possibles citons le cas de l’embuscade
tendue le 14 mars 1916 à un convoi militaire au nord de BOUDNIB, à El GORANE,
le long de l’oued Guir.
Environ 300 guerriers, essentiellement AIT HAMMOU
surprennent les coloniaux, tuant 75 d’entr’eux…
Il ressort de l’enquête militaire que les ksouriens et
nomades locaux dont le loyalisme paraissait acquis non seulement n’ont pas
donné l’alerte mais pour certains d’entr’eux se sont joints aux assaillants…En
conséquence de quoi les AIT MESROUH puisqu’il c’est d’eux qu’il s’agit se
virent infliger une amende de 20 000francs ou 1 000 moutons…
Le ksar fut condamné à verser 5 000 francs pour son manque
de réactivité dans la défenses des arabas et des peines de prison infligées à
ceux qui avaient en charge la garde des crêtes d’IGHESDIS »
D’un autre article (La longue
histoire de la pacification de Tafilalet
Quelques
détails sur la conquête de Tafilalet 1928-29) j’extrais ceci :
« La
ligne du Haut Ziz, malgré les avancées de Mzizel, d’El Bordj et d’Aït Yakoub,
de Tarda et de Gueffifat, où des postes furent créés en 1928 et 1929, fut
constamment franchie par des bandes armées s’engageant en pays soumis,
attaquant les convois, pillant les villages, razziant les troupeaux et
assassinant les isolés. Dans cette insécurité permanente et l’impossibilité d’y
parer par une action d’envergure, comme l’avait déjà préconisé Lyautey en 1907,
la création d’une région militaire des Confins algéro-marocains fut décidée et
confiée au colonel Giraud, qui professait à l’Ecole Supérieure de Guerre…..
En face des troupes de Giraud se dressait la
puissante confédération des Aït Atta du Sahara, et sur la rive droite du Ziz,
celle des Aït Yafelman … Enfin et surtout il devra s’opposer aux Aït Hammou,
fraction des Aït Tseghrouchen, qui, jamais soumis, s’en sont allés d’exil en
exil, après le meurtre à Talsint du lieutenant Despax en 1925. »
C’est une résistance populaire pratiquant la guérilla mobile.
Une résistance qui a duré plus de 26 ans. C’est une résistance des semi-nomades
(nomades/agriculteurs) pauvres. Dans le langage des Aït hammou, on utilisait
pour les guerriers le terme « imghwaghen » (équivalent de rebelles,
résistants). Les Aït Hammou dont faisait partie la famille du petit berger (son
père était encore jeune, ne faisait pas partie des guerriers comme son grand
père paternel, son oncle et sa tante Mamma).
Ils ont traversé tout le Maroc, arrêté par l’océan, ils se
sont dirigés vers le Sahara occidental et se sont heurtés à la colonisation
espagnole. Ils ont décidé alors de négocier leur reddition dans l’honneur. Ils
sont revenus à Talsint et Beni Tadjit quelques années après ils reprennent le
flambeau de la lutte pour l’indépendance. Cette fois –ci, c’est une autre
génération qui va mener le combat. Le père du petit berger, ses oncles, avec d’autres Aït Hammou (Bou
ToulouT…), avec les Aït Issa (Lahcen ou Saïd, Ali Ouhoussa, Ali ou Hizoune,
Oughrouch, lahcen ouHida…) , ils vont faire de Beni Tadjit et de Talsint l’un des grands bastions de la lutte
pour l’indépendance.
Le père du petit
berger parlait souvent de son idole, Moha Azzougagh d’Aït Ouazag (Aït Issa), le
résistant qui a combattu le colonialisme jusqu’à sa mort. Le père du petit
berger est resté jusqu’à sa mort, un fidèle ami de la faille du martyr, famille
installée à Khénifra.
Quelqu’un avait écrit sur
Moha Azouggagh ceci :
« Voici
quelques "izlan" genre "Tamawayt" de la poésie de la
résistance contre l'occupation française. le premier rend hommage à un
combattant du nom Moha Azeggagh du village Ayt Wazag dans la vallée des Ayt
Aïssa (talsinnt) ;qui a participé à des dizaines de batailles, Boudnib
(Errachidia),de Ain Arma (meknes),de Tazegzawt (Khenifra),de Baddou Goulmima,
Errachidia) et de Bougafer (Tinghir, Warzazat).Il est mort en 1949 à Sidi Ifni
(Tiznit) après le long périple des guerriers amazighs à travers les monts et
déserts du Sahara sous occupation espagnole. C'est un poème qui nous rappelle
comment Moha Azeggagh en participant au soulèvement de Talsint en 1925 a été
recherché par l'armée française qui a encerclé un jour son village dés l'aube;
mais il a pu déjouer le piège en se déguisant en "Khemmas"(paysan
pauvre travaillant la terre pour les autres pour 1/5 des récoltes) alors il
regagnait le maquis et se cacha dans une grotte, on l' y retrouva mais avec
habilité et intelligence il a pu échapper en tuant un lieutenant et quatre de
ses soldats:
Memmis
n Ouzeggagh
ay as igan leâmart
i wassif n Ayt Âissa
ibubb snah ikchm ifri
ur irouh allig ingh lhakm.
C'est fils d Azeggagh
qui a redonné vie
au vallon d'Ayt Âissa
armes aux mains du fond d'une grotte
en tuant le chef savamment s'évade. »