Au-delà du politique
Le 30 juillet 2017, au lendemain de la libération de la jeune
artiste Silya Ziani, accompagnée de certains membres de sa famille, elle a
déjeuné chez la famille du militant politique Mustapha Brahma, secrétaire
national de la Voie démocratique (Annahj Addimocrati), et un des symboles du
«nihilisme» ( ????!!!!) dénoncé par le roi Mohamed VI lors de son discours du
29 juillet 2017.
Ce déjeuner qui a réuni deux familles, une amazighe rifaine,
l’autre arabe de la Chaouia est un événement qui a fait grincer les dents de
certains, et qui a réjoui les marocain-es libres.
Rappelons certaines données
1- La jeune Salima (Silya en tamazight) a été
arrêtée arbitrairement pour avoir osé chanter la LIBERTÉ en plein Rif. Le Rif
est connu pour sa farouche opposition aussi bien aux colonisations espagnoles
et françaises, qu'à la tyrannie du makhzen et à sa honteuse implication dans la
colonisation du pays. Elle fut transférée par hélicoptère à Casablanca. A des
centaines de km de chez elle.
Elle fut « graciée » par le chef de l’Etat. Graciée ? C’est du
Kafka !. On s’attendait à la libération de tous les prisonniers politiques
accmopagnée d’excuses officielles. Aujourd’hui (31/07/2017), les prisons sont
toujours «regorgent» de détenus politiques et des prisonniers des mouvements
sociaux.
La « graciée » fut enlevée le 29 juillet par des gens du «CNDH
». Il faut reconnaître que le CNDH et la Direction des prisons au Maroc font
partie des instruments du même régime. La Direction des prisons a livré la «graciée
» au CNDH. La pauvre Silya a passé une nuit entre les mains du CNDH (à rabat),
qui a, entre autres, pour mission de brouiller les cartes, de « pousser » les victimes de l’Etat à
renoncer à leurs idées, à leur revendications à leur identité. Il faut
reconnaître aussi que les dirigeants du CNDH ont perdu leurs "âmes"
et ce, depuis des années. Ils ont préféré le statut d'inconditionnels assujettis
au statut d’indomptables hommes et femmes libres.
La famille Ziani, n’a pas accepté ce « kidnapping ».
Les rifain-es sont connu-es pour leur noblesse, leur honnêteté, leur
reconnaissance du bien. Ce sont des nass al azz (ناس العز).
Le lendemain du « kidnapping », la famille Ziani, accompagnée de leur
fille Silya (après sa « récupération »), reprit la route de Casablanca pour
remercier la famille Brahma-boukhalkhal pour tout ce qu’elle fait pour la cause
des prisonniers rifains en général et pour leur fille en particulier.
Les instruments du régime ont compté essentiellement réussir
trois coups :
• Que Silya soit bannie par son milieu rifain «conservateur ».
Fille en prison ? Inacceptable dans les milieux réactionnaires.
• Neutraliser aussi bien la famille Ziani que la jeune artiste.
• Créer la Zizanie au sein du mouvement des rifains, au sein de
leurs solidaires, au sein des familles des prisonniers non libérés, et
«démoraliser» ces derniers.
Le makhzen a échoué. Ceux (et celles) du CNDH ont soulevé une
grosse pierre. Elle leur est tombée sur les pieds. Aï ! Aï ! Après ce fiasco,
les dirigeants du CNDH makhzenien seront d’une façon ou d’une autre, des
futures « victimes » de la «colère » de leurs maîtres. Ils ont fait un travail
d'amateurs. Loin du professionnalisme exigé par les décideurs d'en haut.
2- Mustapha Brahma, est l’un des symboles de la
lutte pour que règne la LIBERTÉ. Il fut arrêté en 1985. Il passera 9 ans dans
les prisons et autres centres secrets de torture du régime. Ex-détenu-e
politiques Brahma et Silya sont d’anciens «locataires » de la sinistre prison
d’Oukacha de Casablanca, capitale de la Chaouia. Cette dernière a donné au
mouvement révolutionnaire marocain, entre autres, le martyre Abdellatif
Zeroual, Mustapha Brahma…
3- Brahma est le premier dirigeant politique marocain à rendre
visite à des familles des prisonniers politiques rifains dont celle du militant
Zafzafi. Il est le seul, je dis bien le SEUL, dirigeant politique à assister
activement à la marche historique du 20 juillet 2017 à Alhouceima. Marche
réprimée dans le sang par les forces du régime.
4- La famille Brahma-Boukhalkhal accueille chez elle des
familles venues du Rif rendre visites aux prisonniers de Oukacha.
5- L’avocate Souad Brahma s’est portée
dès le premier jour volontaire pour défendre les victimes de la répression du
makhzen. N’oublions pas l’engagement volontaire et dévoué de cette brave
avocate auprès des démunis de la grande région de Casablanca victimes des
politiques anti-sociales de l’Etat. Rappelons le cas du camarade Mahfoud El
Mahjoub et ses compagnons qui «purgent leurs peines » à la sinistre prison de
Settat. Souad est sur le sentier qu’ont tracé les grands avocats du Maroc telsAbderrahmane
Ben Amre , Abderrahim berrada... Ces grands avocats qui ont su concilier la défense, l’honnêteté,
l’engagement volontaire, le respect d’autrui, l’amour des humbles, la modestie…
6 – La camarade Amina Boukhalkhal, véritable
vétéran combattante. Elle a partagé dignement, la tête haute, avec le camarade
Brahma aussi bien les moments de bonheur que les dures épreuves de la vie. En
ce moment, elle essaie de cultiver dans notre société, société o! Combien
conservatrice quant aux droits de la Femme, «l’esprit » de l’égalité entre le
citoyen et la citoyenne, à bâtir des relations conjugales sur la base du
respect mutuel. Amina est l’une des marocaines (j’en connais plusieurs autres)
qui ont souffert, qui ont enduré, qui ont vécu l'indescriptible calvaire sous
le système makhzenien. Malgré les frustrations physiques, des intimidations des
hommes du régime, les préjugés du milieu conservateur, ces braves femmes ont su
garder la tête haute, ont bravé tous les obstacles pour venir en aide «matérielle
» (le panier) et morale. Ce dernier est le déterminant dans la résistance de
ceux qui se retrouvent derrière les barreaux du régime.
7 – Tahani Brahma, fille de Mustapha et d’Amina,
militante, entre autres, de l’AMDH, s’est engagée, corps et «âme » dans la
lutte pour la libération des prisonniers politiques rifains et à leur tête
Silya. Comme ses parents, elle a bravé l’interdiction abusive du ministère de
l’intérieur. Elle était à Alhouceima assister à l’épopée du 20 juillet. Marche
réprimée dans le sang par les forces du régime.
Merci :
- A Silya qui ose chanter la LIBERTÉ.
- Aux parents de Silya qui ont épaulé
leur fille et ce, contre vents et marées.
- A Tahani qui défend le droit à
chanter la LIBERTÉ
- A Souad qui défend le principe « la
justice pour toutes et pour tous ».
- A l’infatigable Amina qui cultive «
l’esprit » de l’égalité des sexes…
- Au camarade Mustapha,l’un des
symboles du mouvement radical marocain pour que règne la LIBERTÉ.
Merci pour les deux familles qui se
sont retrouvées autour de la table à manger, toutes animées des valeurs
humaines, valeurs plus nobles que des calculs politiques.
Remarque : cet événement
ne doit en aucun cas nous faire oublier le devoir de continuer la lutte, de la
radicaliser pour imposer la libération sans condition aucune de tous les
prisonniers d’opinion, de tous les prisonniers des mouvements sociaux.
Mohammedia, le 31 juillet 2017
Ali Fkir, communiste
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