Le mouvement communiste marocain vient de perdre un de ses vétérans;
Je viens de perdre un camarade, un ami, un frère, un maître;
Mustapha El Azzaoui n'est plus.
Il a poussé son dernier souffle à la gare de Rabat et ce,le dimanche 27 octobre 2019,
son corps sera inhumé à Meknès, aujourd'hui, lundi 28 octobre.
C'était mon premier responsable communiste (1966/67),
54 ans après, et nonobstant la différence des itinéraires, on se revoit en tant que communistes, comme pendant les années soixante, avant que je ne quitte le parti pour contribuer à la création d'ILAL AMAM.
Camarade Mustapha! je t'ai connu communiste, je t'ai revu ces derniers temps, tu es resté l’égale de toi-même , tu es toujours communiste convaincu.
Tu seras immortel camarade Mustapha!
Ali Fkir (28 octobre 2019)
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Voir:
Extrait du livre "Le petit berger qui devin communiste" (P77...)
"Bonjour communisme !
C’était au cours de l’année scolaire 1966/1967, l’ex berger était en terminale sciences mathématiques. Depuis mars 1965, la jeunesse « scolaire » ne ratait aucune occasion pour manifester son opposition au régime. Le roi, avec la complicité de la bourgeoisie française, détenait sans partage tous les pouvoirs. C’était l’époque de la ruée vers les terres « fertilisées/défrichées » par le capitalisme agraire français, de la « capitalisation » des propriétaires « semi-féodaux nationaux », l’époque de l’ouverture au tourisme de luxe, de pillage de la richesse nationale par une minorité, par l’enrichissement illégal et illégitime de la bureaucratie étatique, par le renforcement des relations de dépendance économique avec le marché mondial et cela au profit d’une bourgeoisie compradore (parasitaire) locale, par le « fleurissement » de divers instruments de répression spécialisés dans les enlèvements, la torture, les procès, les combats de rue,… c’était le début de l’appauvrissement généralisé du peuple marocain. Le régime a su et a pu développer en quelques années ses tentacules à travers tout le pays, dresser ses chiens de garde, domestiquer relativement les forces de l’opposition légale. L’essentiel du pays fut pris dans la toile d’araignée tissée par le palais et sa base sociale locale. Tout se faisait en coordination étroite avec les forces impérialistes qui ne voyaient en Maroc que le gendarme anti-progressiste, anti-communiste, dans le continent africain et dans le monde arabe. L’ex berger avait remarqué que le « meneur » de l’agitation au sein du lycée n’était autre que son camarade de classe A. de Goulmima, région de Ksar-es-Souk, et que M, originaire de Moulay Driss Zerhoune , un autre camarade de classe, « tirait » de derrière les ficelles. A. était un véritable agitateur, aussi bien en classe qu’au niveau du Lycée. L’ex berger était aussi un agitateur à sa manière. Il fut approché par les deux camarades de classe. La discussion avait duré quelques jours. Ils étaient tous internes. Les deux amis étaient membres du parti communiste marocain, parti interdit « légalement » depuis la fin des années cinquante. Comme il n’y avait pas de loi précise pour justifier cette interdiction, le juge s’était rabattu sur un discours de Mohammed V qui prétendait qu’il n’y avait pas de place au Maroc pour les idées matérialistes. Le PCM étant alors considéré porteur d’« idées matérialistes » ne pouvait pas avoir sa place au Maroc. Le jeune « approché » n’avait aucune idée du PCM. Mais il accepta d’y adhérer essentiellement pour les raisons suivantes : - Le qualificatif communiste était largement suffisant en lui-même.
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- Il ne pouvait en aucun cas rejoindre les partis de l’opposition légale, le PI et l’UNFP. Ils avaient comme objectif de réformer le système de l’intérieur. Ils ne pouvaient pas se dégager de la toile d’araignée tissée par le makhzen. Ils véhiculaient l’idéologie conservatrice : la religion, les traditions, les coutumes,… - Les courants révolutionnaires unfpéistes (d’ailleurs très minoritaires au sein de leur parti) manquaient de projet de société dans son ensemble. C’était des courants politiquement révolutionnaires anti-makhzeniens et non progressistes au sens idéologique du terme. - Ignorant les véritables postions du PCM, il accepta facilement les explications de ses deux camarades de classe. L’ex berger se disait qu’il était communiste depuis son enfance. Quelle est en fin de compte la quintessence du communisme ? - Le but de l’activité humaine est de satisfaire les besoins des humains. - L’appropriation collective des moyens et conditions de production.. - La gestion collective démocratique du processus de la production et de la répartition du produit. - La disparition des classes sociales à intérêts opposés et l’exploitation des uns par d’autres avec. - La garantie des droits (dans tous les domaines) des êtres humains. - L’égalité entre la femme et l’homme. - La sauvegarde de la faune et de la flore, ô combien chère à l’ex berger depuis son enfance ! - Garantir à toutes et tous l’accès à un enseignement scientifique et laïc. - Créer des conditions adéquates pour l’épanouissement des valeurs humaines, pour « l’éclosion de milliards de fleurs (…) ». Qui peut être anticommuniste ? Celui qui vit de la sueur des autres en tant qu’exploiteur direct de la force de travail, ou en tant que parasite socio-économique, genre rentier, spéculateur, oisifs,… La réalisation de ce nouveau monde naturel/humanitaire ne peut se réaliser sans révolution, la révolution des travailleurs conscients et organisés, révolution qui a pour but l’établissement d’un nouveau monde sur les débris de l’édifice de l’ordre existant, ordre bâti par la force des armes et qui survit grâce aux idéologies obscurantistes. A 66 ans, le communiste, l’ex petit berger, porte toujours au plus profond de lui même cette vision, cette conviction.
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Officiellement, en automne 1966, l’ex berger devint communiste et rejoignit les rangs du parti communiste marocain. En s’engageant dans une organisation, le jeune lycéen savait qu’il allait perdre une partie de sa liberté. Théoriquement, si au niveau de la société la liberté de l’individu est limitée par l’intérêt général, au sein d’un parti politique l’intérêt du parti prime sur les « tentations » individualistes. Tout ce que vous faites est « comptabilisé ». Il est difficile de séparer ce qui est « privé » de ce qui est collectif. Le général et le particulier sont indissociables. Les intellectuels et les petits bourgeois, pas tous heureusement, n’arrivent généralement pas à accepter cette discipline. Or pour changer le monde, il ne suffit pas d’être armé par une théorie révolutionnaire, ni animé par de bonnes intentions, il faut contribuer au forgeage des instruments de la révolution, ce qui nécessite des sacrifices, de l’abnégation, de l’honnêteté, de la simplicité. Toute vie en groupe nécessite un « contrat » consensuel où chacun perd un peu de sa liberté. Dans la société de classes, ce contrat est écrit sous forme de lois, l’Etat en est la garant. Soulignons que dans ce type de société, ce contrat reflète les rapports de forces entre les classes en présence et que l’Etat n’est pas au-dessus de la mêlée. Dans une organisation politique, ce « contrat » se retrouve généralement écrit dans ses statuts sous l’appellation de « principes organisationnels ». La différence entre le premier et ce dernier, c’est qu’au niveau de la société l’individu est congénitalement obligé de se soumettre aux lois établies : vous êtes né musulman, monarchiste,… alors que l’adhésion à une organisation politique reste un choix conscient, un engagement volontaire qu’il faut pleinement assumer avec la possibilité d’y renoncer à n’importe quel moment. Adhérer à une organisation qui « limite » votre champ d’action, qui « ampute » votre liberté personnelle et qu’en échange vous n’avez que le risque de perdre votre vie ou de moisir dans les geôles de l’Etat répressif, est une « entreprise/aventure » qui fait peur à plus d’un. Des millions préfèrent vivre asservis, courbés que de se redresser dignement contre la tyrannie, contre l’arbitraire. Un communiste se doit demander : qu’-ai-je donné à mon parti et non que m’a donné le parti ? L’ex petit berger était conscient de tout cela. S’il avait décidé de rejoindre un parti « clandestin révolutionnaire » (c’était l’idée qu’il se faisait du PCM), c’était par conviction. Cette conviction accompagnera certainement le communiste d’aujourd’hui à sa « dernière demeure ». L’ex petit berger est convaincu qu’il est né communiste et qu’il restera communiste jusqu’à la mort. Le communiste en général ne se conçoit pas tout à fait heureux dans un monde de misère, un monde peuplé de malheureuses et de malheureux.
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Le jeune arrivé au sein du PCM assistait normalement aux réunions. Il fit connaissance du premier responsable du parti de la région de Meknès. Un véritable communiste au sens noble du terme. 46 ans après, Mustapha reste l’égal de lui-même. Meknès était l’un des fiefs du PCM : cheminots, ouvriers agricoles, paysans pauvres, jeunes,… Le nouvel adhérent avait"
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