Des élections entachées du sang des boycotteurs
Le Maroc est
en ébullition à la veille des élections du 7 octobre 2016. La lutte
de classes n’a jamais été aussi aiguë depuis le mouvement du 20
février 2011.
L’un des enjeux, je dirais le
principal enjeu, du makhzen (avec comme cerveau le palais), reste le taux de
participation. Bien sûr le taux décidé d’avance par les décideurs sera le taux
annoncé officiellement. La réalité sera ailleurs. Le makhzen saura la réalité.
Il aura une idée sur degré de « mécontentement de
ses sujets ». Sur le mécontentement des marocain-es
libres. Le boycott lui fait peur. Il a raison. Déjà, le taux d’inscription
dans les listes électorales n’a pas dépassé 56% :
15 702 592 inscrits parmi les 28
millions. Ce dernier chiffre est estimé, car il n’y a pas de statistiques
officielles concernant les marocain-es en âge de voter.
Ce taux de 44% des marocain-es qui
déclinent « l’invitation » de l’Etat, de plus de 33 partis, 22
syndicats , de milliers de prédicateurs, tous monarchistes jusqu'à la moelle,
est le premier revers pour les acteurs de la mascarade du 7 octobre 2016.
Pour faire passer la pullule,
et atteindre les 51% des 57 % inscrits, à savoir moins de 32% des
marocain-es en âge de voter, l’Etat et ses acolytes doivent redoubler
d’effort : les « civils » en dénigrant les marocain-es libres
qui boycottent et en participant à la battue, l’Etat en utilisant les
mass-médias officiels et inféodés et surtout en recourant à l’arme
classique : la répression.
Annahj Addimocati/la Voie
démocratique est classé première cible. C’est le trouble fête. Cela me rappelle
l’hystérie qui avait accompagné la « marche verte », novembre 1975 où
ILAL AMAM avait joué avec les grands honneurs la trouble fête.
Certain démocrates marocains se sont
laissés empêtrer dans la « pâte » nocive et collante du makhzen. Au
nom de la modernité, ils entrent en transe, se fixant comme adversaire
principal le PJD, parti islamiste makhzanisé, d’autres, ils sont rares ceux-là,
visent plutôt le PAM, parti « moderniste » aussi makzanisé que le
PJD.
Ils oublient que le PJD et le PAM
sont deux partis créées par le palais, le premier par le docteur Al Khatib,
sujet grandi dans le giron du palais, le deuxième par Ali Al Hamma autre enfant
de « dar al makhzen ». Le PJD représente la face hideuse moyenâgeuse
du makhzen, le PAM sa face « moderniste » dégoûtante. Blanc
bonnet, bonnet blanc bonnet. Au fond c’est du kif kif.
En créant ces
dernières années ces deux partis, le makhzen a asséné le coup fatal au
mouvement progressiste et national marocain, déjà malade depuis
des décennie, depuis qu’il a déposé les armes de lutte populaire. La
maladie a été aggravée par le gouvernement Abderrahmane El Youssefi.
Aujourd’hui, la
harka patronnée par l’Etat (le pouvoir central)
est dirigée contre les boycotteurs en général et contre la
Voie Démocratique en particulier (le bled siba hhhh). Tous les moyens sont bons
par taire et immobiliser Annahj AddimocratiL la VD
Regardons de près les résultats des
6 premiers jours de la « compagne électorale » (du samedi
24 septembre 2016 au jeudi 29 du même mois) :
- La
répression a touché les villes suivantes : El Jedida, Agadir, Bernoussi
(Casablanca), Mohammedia, Meknès, Fès, Salé, Dchira-Inzeguene, Nador, Tanger,
Taza, Guercif…
- Arrestations :
Agadir, Salé, Fès…
- Agression
physique grave (je me limite aux cas des dirigeants, sans mentionner les
dizaines de militant-es de base) : El Johri Mouad (secrétaire
national-adjoint) sequestré et tabassé dans une voiture officielle, Houcine
Lahnaoui (membre du secrétariat national) gravement blessé (voir les
photos), Lahcen Allabou, membre du comité national…)
L’Etat, force de frappe du makhzen,
ne lèse pas sur les moyens et cela, sans parler de méthodes.
Tout
le monde doit savoir, le makhzen l’a bien compris, que nous sommes prêts à tout
pour exprimer nos opinions, défendre nos idées, pour nous engager avec les
démunis dans le brasier de la lutte de classes.
Nous souhaitons
que tous (hommes et femmes libres) les héritiers et autres descendants des
martyr-es tels Benbarka, Cheikh El Arabe, Dahkoune, Zeroual, Saïda, Grina,
Tahani, Douraïdi, Chbada, BelHouari, Al Ammari, Chaïb, Aït El Jid…se retrouvent
sur le terrain de lutte de classes. Ce n’est, ni le PJD, ni le PAM qui
constituent le principal obstacle à épanouissement du peuple
marocain. Ils ne sont que des « moyens ». Notre adversaire
commun ne peut être autre que le makhzen, le géniteur de ces créatures.
Le makhzen nous a bien compris. C’est
pourquoi il ne rate jamais une occasion pour nous tabasser, pour tenter de nous
empêcher de communiquer avec les déshérités de ce pays.
Ali
Fkir, le 30 septembre 2016
Photos
du camarade Lhoussaïne Lahnaoui, l'un des symboles du
Mouvement syndical en général et du
mouvement agraire en particulier :
-
Photo
prise au cours de la fête de l’année amazigh au siège de la Voie Démocratique, le 13 janvier 2016
- Les autres photos prises après la répression du 29 septembre 2016 (Salé) qui avait
visé les militant-es et sympathisant-es d’Annahj Addimocrati/la VD qui
distribuaient les appels au boycott des élections du 7 octobre 2016