samedi 18 avril 2020

Analyse de classes et sociologie

  
Analyse de classes et sociologie.
1 – La sociologie ou approche bourgeoise des sociétés.
 Elle s’intéresse, entre autres, aux phénomènes sociaux, à des classifications des gens selon l'ethnie, la religion, les coutumes, le sexe, la profession, l’âge, le salaire, l’émigration, état matrimonial…et ce, en se basant sur des enquêtes (documents administratifs, questionnaires, interview, publications…).
2- L’analyse des classes ou approche marxiste.
Alors que la sociologie emprunte souvent le chemin de la segmentation (classification par groupes), le marxisme s’intéresse surtout aux classes sociales qui composent la formation sociale en se basant sur les liens (souvent juridiques) avec les moyens de production et les rapports de production.
3- objectifs
-      La sociologie : fournir des données chiffrées (avec souvent des interprétations) aux décideurs tels les Etats.
-      L'analyse de classe : fournir des données chiffrées ou non aux mouvements ouvriers.
4- Rôles historiques :
Le marxisme et la sociologie ont pris de l’importance à partir du 19ème siècle.
La sociologie permettait à la bourgeoise colonialiste de mieux connaître les peuples à conquérir. Elle était directement ou indirectement au service du colonialisme.
Le marxisme constitue un projet de société poste-capitaliste, une arme d’analyse scientifique, de lutte révolutionnaire, une arme au service de la classe ouvrière.
5- Le marxisme contre la sociologie ?
Absolument pas. Pas de guerre contre la sociologie. La sociologie collecte (souvent empiriquement) des données brutes, les traite en dressant des tableaux, dessinant des courbes... Les marxistes les exploitent en les interprétant, en les utilisant comme argument contre la bourgeoisie capitaliste, contre les Etats réactionnaires…
5 – Exemples pratiques.
A – Du Côté du sociologue.
Après avoir effectué une enquête sur la répartition des terres agricoles à Chtouka Aït Baha, un sociologue regroupe les données empiriques, dresse des tableaux (selon la superficie, l’effectif…) et, entre autres, dessine la courbe de Lorenz et calcule l'indice de Geni. Supposons qu’il trouve que I’indice = 0,75. Il va conclure que la concentration est forte. La grande propriété est prépondérante. Il peut même comparer 0,75(2019) à 0,20  de 1980  et déduire, à juste titre, que les terres agricoles dans cette régions ont connu une forte concentration entre les mains d’une minorité depuis 1980.
B- Du côté du militant marxiste.
Il va se baser sur la courbe de Lorenz et sur la valeur de l’indice de Geni, pour
-      Essayer d’expliquer les causes de cette très forte concentration (dépouillement des petits paysans, politique d'investissement qui favorise le capitalisme agraire, nationaux et étrangers…)
-      Se pencher sur la nature des capitalistes : propriétaires fonciers, locataires de terre, marocains, étrangers…
-      Conditions des travailleurs (hommes et femmes) : permanents, temporaires, intérimaires…nombres d’heures de travail, salaires, déclaration CNSS …
-      Niveau intellectuel
-      Pourcentage de femmes, leurs conditions (inégalité de salaire, harcèlement…)
-      Organisations syndicales, influence des partis politiques…
-      Langue maternelle
......
Pourquoi tout ça ? C’EST POUR VOIR COMMENT CONCEVOIR LES MOYENS ADÉQUATS POUR ENTREPRENDRE UNE ACTION DE PRISE DE CONSCIENCE QUANT A LA NÉCESSITE DE S’ORGANISER SYNDICALEMENT ET POLITIQUEMENT.

Exemple 2.
A-  Le sociologue.
Après avoir effectué une enquête dans un quartier ouvrier, un sociologue « intersectionnaliste » va s’intéresser surtout aux femmes. Il étudie les femmes selon le niveau d’instruction, Selon l’état matrimonial, selon le travail, selon la langue maternelle, région de naissance, selon la pratique religieuse…
Il va concentrer l’attention du lecteur sur les femmes, selon la langue selon le travail. Pourquoi ?
Ce groupe de femmes est soumis simultanément à la domination masculine , à la discrimination quant à la langue tamazight, à l’exploitation capitaliste en tant que travailleuse.
Donc le groupe « intersectionnalisé » est constitué des femmes de langue tamazight et travailleuse. C’est l’intersection de 3 « malheurs ».
Le marxiste répartit les adultes d’abord selon l’appartenance de classe : salarié-es, non salarié-es, situation dans la hiérarchie pour les salarié-es, ensuite, niveau d’instruction, puis il se penche sur le cas des travailleuses.
L’intersectionnalisme est une récente branche de la sociologie. Elle a vu le jour aux USA fin80-début90 pour parler au départ des femmes afro-américaines victimes simultanément du racisme et du sexisme. Le terme a été proposé au départ par l’intellectuelle féministe, Kimberlé Williams Crenshaw, qui s'intéressait surtout à la situation des femmes noires aux USA.  Mais il prend de l’importance dans les pays occidentaux où les émigrées subissent simultanément plusieurs formes de domination, de discrimination…
Elle est désignée souvent par : GRC (genre, race et classe).
b-le marxiste va s'intéresser à toute la population du quartier en suivant la démarche suivante :
-      Déterminer les classes sociales en présence : la classe ouvrière, la petite bourgeoisie, les semi-prolétaires…
-       Se pencher ensuite sur les ouvrierEs
-      Déterminer les secteurs d’activité des ouvrierEs
-      Les conditions de travail : heures de travail, salaires, déclaration à la CNSS…
-      Niveau d’instruction
-      Syndicats en présence
-      Influence politique
-      Se pencher ensuite sur la situation des ouvrières : inégalité de salaire, harcèlement, travail de nuit, crèche pour enfant et allaitement…
6 – En quoi se différent les deux démarches quant aux conditions de la femme travailleuse ?
-       L’intersectionnalisme, met sur le même pied d’égalité le genre, la race, la religion…la classe. Cette dernière est souvent négligée.
-      Le marxisme part de processus de production, des rapports de production, de l’appartenance de classe, mais il n’a jamais ignoré les particularités de la situation de la femme en général et de l’ouvrière en particulier.
Objectifs différents démarches différentes! 
Les marxistes ont déjà dit que l’ouvrièr subit simultanément 
l'exploitation capitaliste, le fardeau du ménage et l'étouffement  de la société(coutumes, religions, traditions…). Relisons Marx, Engles, Lénine, Klara Zetkine, Mao…

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