Science et croyances
Pour les générations d’avant, les choses étaient
relativement simples. Pratiquer ou ne pas pratiquer était un choix personnel.
Le respect était mutuel entre les personnes. Il est vrai que la mosquée était
le moyen (sans partage) de l’endoctrinement et surtout un moyen pour dénigrer l’opposition
au régime tyrannique de Hassan II. La « khoutba » du vendredi était
une véritable diatribe politique contre l’UNFP et puis contre l’UNFP et le
mouvement marxiste léniniste.
Pour nous autres jeunes des années 60 et 70, la chose
religieuse ne nous interpellait pas. Dans nos familles, on respectait les
pratiquant-es. Ils, elles nous respectaient. Mon père, ferveur pratiquant, n’a
jamais, mais JAMAIS demandé à sa progéniture (7 enfants) de l’accompagner à la
mosquée. La vie familiale était « régie par la laïcité ». Au cours
des années 90, le père a souhaité aller à la Mecque. Sans hésitation aucune, tout
le monde a mis la main à la poche. Communiste ou pas, républicain ou pas, tous
les membres de la famille avaient fêté l’événement. La tolérance était
régnante.
Les jeunes d’aujourd’hui sont désorientés. Ce n’est pas
seulement au Maroc, ni dans le monde arabe. C’est partout.
La paupérisation des milliards d’humains, la crise du
capitalisme, l’agressivité de l’impérialisme, la tyrannie politique, la
régression des valeurs véhiculées par l’enseignement…tout cela a engendré un
certain nombre de fléaux qui tentent de caler les roues de la locomotive de l’Histoire
de l’Humanité. On tente même de l’obliger à faire marche-arrière. Parmi ces
fléaux, le fanatisme religieux. En Israël, en Occident, dans le monde arabe, en
Afrique…les fanatiques, les extrémistes ont repris du «poil de la bête». Nous
vivons l’ère de la «chasse à la tolérance». Tout ce monde prétend détenir la
vérité.
Des jeunes en détresse sont pris dans ce tourbillon de ténèbres.
Nombreux sont ceux qui sont «submergés» de multiples questions. Certains jeunes
marocains osent les poser à haute voix. Dans leur majorité, les parents
répondent du n’importe quoi. Dans leur majorité, les enseignants évitent de
répondre. Certains le font en donnant des réponses ascientifiques (contraires à
la science). On enfonce le clou dans la plaie.
C’est dans ce cadre que j’étais interpellé par un jeune à la
«recherche de la « Vérité».
Monsieur, quelle est la différence entre la science et la
religion ?
Je fus surpris. Mais je ne peux pas ne pas répondre et ce,
selon ma vision des choses.
Voila l’essentiel de
ma réponse :
Que tu sois en Arabie Saoudite (islam), en Birmanie
(Bouddhisme), au Vatican (christianisme), dans une famille juive, en Inde (hindouisme),
dans une famille athée, dans une famille animiste…tu chauffes l’eau à une
certaine température, son état passe du liquide à la vapeur. A une température
négative, cet état passe du liquide au solide. C’est une loi scientifique. Dans
l’état actuel de la science, un être humain, qu’il soit prophète ou simple
humain, est soumis à la loi de la mort. Nous sommes tous mortels (biologiquement
parlé).
La religion c’est tout à fait autre chose. C’est une
croyance communautaire, non universelle. C’est qui est «vérité» dans une
communauté ne l’est pas forcément dans une autre. Certaines croyances croient
en l’existence d’un Dieu unique (judaïsme, christianisme, l’islam). D’autres n’y
croient pas et avancent d’autres explications. Ces derniers sont majoritaires
sur la planète. Certaines religions interdisent certaines pratiques, d’autres défendent
le contraire, telle la polygamie. Un habitant l’Arabie Saoudite (où il fait 45 degrés)
accepte (du moins théoriquement) facilement la prohibition de l’alcool et la
viande du porc. Un habitant de la Sibérie (où il fait -45 degrés), ne peut pas
se passer de la vodka à 75 degrés, de la graisse du porc.
Les habitants de certaines
régions de l’Amérique latine (christianisés par le colonialisme espagnol),
refusent jusqu’aujourd’hui de représenter le Christ en « Homme blanc ».
Le christ ne pouvait être que «Peau rouge».
Les croyances évoluent avec la science. Les humains ont
commencé par créer des «dieux-animaux, des dieux-objets…), puis « des
dieux abstraites : dieux de la guerre, dieu de la mer, dieu de l’amour… »,
puis « le Dieu unique », puis la remise en cause de l’existence de
tout esprit surnaturel…
J’ai conclu par : l’essentiel c’est qu’il il faut
respecter les croyances de tout le monde, à condition qu’elles ne nuisent aux
autres tels le racisme, la ségrégation…LA science est universelle, la religion
est du domaine privé. Le meilleur service qu’on peut rendre à une croyance c’est
de ne pas la mêler à la politique et de ne pas tenter de « démonter »
scientifiquement ses «vérités».
Ali Fkir, le 14
décembre 2014
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