Le temps passe, le crime résiste à l’oubli
Nous
étions 24 marxistes léninistes. Nous étions « installés » au Quartier
G1de la sinistre « prison centrale de Kénitra ». Cette « maison
centrale » accueillait les dangereux « taulards » et ceux qui
sont condamnés à de lourdes peines. C’est un « joyau » que nous avons
hérité de l’oncle gaulois.
Nous
étions séparés du quartier des condamnés à mort par un imposant mur. Dans ce
dernier quartier se trouvaient, entre autres, des camarades (des rescapés) du
martyr Cheikh Al Arab, tué (armes à la main) en Août 1964 à Casablanca :
Atlassi, Al Haloui, Ben Hammou…, ainsi que 7 camardes du martyr Dahkoune :
Idriss Méliani,Mohamed Lhajioui, Boujemaâ Miri, Boujemaâ Najah,Moha Ou Hammou
Ouharfou, Saïd Ou Hsaïn Oukhoua, Mohamed Al Mouhtadi.
Omar Dahkoune a
été exécuté (ainsi que 14 autres militants ittihadis) et ce, le 1er novembre 1973.
A
l’occasion d’Al Aïd Al Adha, Hassan II le tyran, avait ordonné leur exécution.
Le matin
du 27 août 1974, sous l’œil vigilant d’un maton, et comme à
l'accoutumée, les deux prisonniers de « droit » commun qui
apportaient le « petit déjeuner » (petit déjeuner ? hhh une
grande marmite remplie d’un thé mélangé au reste de la bouf du soir précédent), ont pu
« trahir » la vigilance du maton,et nous communiquer la mauvaise
nouvelle : les 7 prisonniers politiques ont été fusillés ce matin même
Pour
sceller définitivement le pacte de la réconciliation avec la direction (intérieure) de
l’’UNFP/USFP, Hassan II avait offert en offrande aux Dieux de la tyrannie et de
la trahison 7 vies humaines. 7 révolutionnaires ittihadis ont été sacrifiés sur
l’autel du cynisme.
Nous fûmes atterrés. Nous avons eu du mal à nous en
remettre.
En moi, et jusqu’aujourd’hui, la cicatrice n’a pas
disparu. La blessure était trop profonde pour qu’elle puisse s’effacer sans laisser
de trace.
Sont heureux
ceux qui ont la mémoire courte!
Ali Fkir, le 23 septembre 2015
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