Sept jours en France
En Partant du
Maroc, l’avion n’a pas pu atterrir à Tours à cause du mauvais temps. Après une
demi-heure de vol au-dessus de l’aéroport, l’avion s’était dirigé vers Nantes
pour l’atterrissage forcé. Les passagers ont eu certainement peur. Je m’étais
rappelé la réponse d’un intellectuel à qui on avait demandé comment il
souhaiterait mourir. Il avait répondu : mourir dans un avion qui s’écrase.
Certainement pour ne pas trop souffrir, ni faire souffrir les proches qui le
prendraient en charge en tant qu’invalide. Je n’avais pas peur.
Les passagers ont
regagné à jeûne Tours par des cars. La compagnie n’a voulu dépenser aucun euro.
Logique du capitalisme oblige !
Arrivés à Tours, ma
compagne et moi, nous oubliâmes très vite la mésaventure, la faim et la
fatigue. Un tajine à la marocaine nous attendait…C’était un samedi.
On nous invita à
assister à une activité ayant pour thème «médias et immigration ».
Le dimanche, nous arrivâmes au lieu de l’activité. Des
militant-es de NPA…nous accueillirent chaleureusement. Au fond de la salle se
trouvait un « buffet ». Des volontaires ont amené chacun quelque chose : de
délicieux gâteaux, du café et du thé. Pas de boissons alcooliques par respect
aux habitants qui sont venus des quartiers populaires à majorité musulmane.
Les intervenants étaient un sociologue, membre de la CGT,
venu de Paris, le deuxième, militant dans le monde des médias, journaliste,
membre de NPA. Leurs interventions étaient très, très intéressantes.
25 interventions de
la salle (si je ne me trompe pas) avaient enrichi le débat.
Le travail que fait l’AMDH dans les bidonvilles de
Mohammedia a eu son écho dans cette activité.
Le mercredi 27
janvier, des amis français sont venus nous chercher pour aller faire
connaissance avec la campagne de la "Touraine".
Le bord de la Loire
: paysage verdoyant, la quiétude y règne sans partage…Nous déjeunâmes à Chinon,
ville martyre de la deuxième guerre mondiale. Nous avons visité la plus grande
partie de la charmante ville, pris des photos des statues de François Rabelais
(rappelons nous les mésaventures de Rabelais avec la « justice »
ecclésiastique, son Gargantua…), de Jeanne d’Arc dont l’histoire ne fait pas
l’unanimité des français…
En revenant à Tours nous visitâmes une grande cave de la
région. La région de Tours pullule de caves.
Une journée
inoubliable.
Nous avons fait
aussi certains grands parcs de Tours. Dans un parc se trouve une petite
bibliothèque. Bibliothèque non gardée. Elle est alimentée par des citoyen-nes.
Les petits et les grands peuvent y puiser des connaissances sans contre partie
aucune. N’oublions pas qu’au « Vieux Tours » se trouvent d’anciennes demeures
de Balzac et de ses sœurs…A Tours se trouvent aussi des « jardins ouvriers ».
Des petits lopins de terre, avec des cabanes pour les travailleurs qui habitent
des appartements. Appartements dépourvus de verdure. Des fleurs, des cultures
maraîchères.. y voient le jour. C'est très sympathique. Ces espaces
appartiennent aux communes mais sont mis à la disposition des travailleurs pour
une durée déterminée.
N’oublions pas les
grandes librairies (la Fennec…), cafés, restaurants… Chacun lit, consomme,
regarde, s’habit sans censure.
Cela ne veut pas
dire que tout va bien en France. La précarité se voit dans la campagne, dans la
crise de l’enseignement, dans le chômage, dans les rapports avec les
"étrangers"…
Des français m’ont dit : en Suède, au primaire, vous avez
des classes de 15 élèves avec 2 enseignant-es…Sont nombreux les français et les
françaises qui rêvent d’aller vivre dans les pays nordiques. Le paradis terrestre,
telle la Suède que nos moyenâgeux marocains détestent. L’Eglise profite de ces
inquiétudes pour développer un enseignement privé et endoctriner les « faibles
d’esprit ».
Malgré tout cela,
je n’oserais jamais comparer la situation française à celle du Maroc. Mon pays
se trouve à des années de lumière des acquis arrachés par le peuple français.
Je n'oublie pas les
inoubliables moments de gaieté que nous avons passés en tant que parents et
grands-parents avec les petits et les grands. C'était la raison de notre
voyage.
Ali Fkir, après
la visite familiale à Tours
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