UNE PENSÉE A CETTE MÈRE ET A CE PÈRE QUI N'ONT JAMAIS ENTRAVE LA MARCHE DE LEUR FILS COMMUNISTE...
REPOSEZ EN PAIX ZAHRA ABBOU ET HMAD OUMOUH.
JE VOUS PORTE DANS MON COEUR.
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Extraits du livre "le petit berger qui devint communiste"
REPOSEZ EN PAIX ZAHRA ABBOU ET HMAD OUMOUH.
JE VOUS PORTE DANS MON COEUR.
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Extraits du livre "le petit berger qui devint communiste"
1 -La division de travail au sein
de la famille du
petit berger,
La ligne de
démarcation entre les prérogatives des membres (sauf pour les moins de 4 ans)
de la famille était claire.
La mère doit :
-
Se
réveiller à l’aube moudre le blé, pétrir de la pâte, cuire le pain, préparer le
petit-déjeuner et traire les chèvres et les brebis
-
Aller
chercher du bois au cours de la journée
-
Préparer
éventuellement le déjeuner si le père est là. En son absence, ce qui était
fréquent, les autres membres de la famille attendent le dîner
-
« Profiter »
des temps morts pour continuer la confection d’un tapis. Il n’était pas
question d’acheter des tapis. C’était l’œuvre de la femme. Elle s’occupait de
tout le processus de production : préparation de la laine, filature et
puis tissage. Aujourd’hui encore, le petit berger est en possession d’un tapis
(hanbal) qu’a confectionné la défunte au début des années cinquante
-
Préparer le souper
-
Accueillir
après le coucher de soleil le petit troupeau. Compter et recompter le nombre de
têtes.
-
Sortir
souvent la nuit voir les ovins/caprins, secouer les chiens…car les loups
rodaient toujours dans les parages.
2 -Le père avait noué des contacts avec des nationalistes.
Il a pu retrouver la famille militante de son héro Moha Azougagh installée à
khénifra, des contacts à Fès grâce à son ami Belhabib, le camionneur…, qui
assurait le transport des marchandises de Fès à Beni Tadjit…Il fera partie du
premier groupe de nationalistes de la région qui comprenait essentiellement des
Mineurs et des petits commerçants.
Les petits commerçants avaient joué un rôle déterminent dans la propagande
nationaliste, du fait de leurs déplacements fréquents à Fès. Le père du petit
berger était comme un professionnel du mouvement, car il n’avait pas
d’occupation professionnelle réelle. Les enfants et surtout l’épouse s’occupait
de tout. Toujours en déplacement entre Beni Tadjit, Khénifra et Fès
3-Un
jour de l’année 1953 (ou 1954), à une quinzaine de kilomètres du village
minier, arriva l’oncle maternel Ali (un autre Ali), le feu au cul comme on dit,
se dirigea vers sa sœur lui dit quelque chose. Ce fut l’alerte. Les trois (ou
quatre familles) habitant dans le coin, tinrent une « assemblée ».
Pas de différence entre les hommes et les femmes. La décision fut prise à
l’unanimité en quelques minutes. Il fallait s’évaporer dans la nature. Le père
du petit berger, ainsi que plusieurs militants nationalistes venaient d’être
arrêtés au village minier par les « roumis/n’sara ». Le campement
pourrait être investi à n’importe quel moment par les forces coloniales.
S’évaporer dans la nature ? Les familles concernées sont bien rôdées pour
cela. Les leçons de l’épopée de 1907 à 1934 n’avaient pas été oubliées. En
quelques minutes, tout fut chargé sur les ânes, sur les mules, et sur un
dromadaire (une famille en avait un). La marche dura l’après-midi et une partie
de la nuit. Les « fuyards » s’installèrent très loin du village
au pied d’une montagne, dans un petit ravin, près des petites grottes
pour éviter les frappes aériennes. Le coin était inaccessible aux camions
militaires…
4-En automne de l’année
1955, le père s’acheta une radio. La batterie était plus lourde que la radio,
elle-même très volumineuse. La première radio dans le douar Taghannamit. Tout
le douar était là. Il fallait installer sur le toit l’antenne. Ce fut toute une
cérémonie. Les gens avaient l’air grave, étaient sereins. C’était quelque chose
d’extraordinaire.
5-A Kénitra, (la ville se trouve à une
quinzaine de km de la mer), le jeune emmena sa mère voir de ses yeux la
réalité. La plage de Mehdia est splendide, en même temps dangereuse, (comme les
belles femmes et cela selon la théorie au masculin). Le jeune installa sa mère
à la terrasse d’un café donnant directement sur la mer. Elle n’avait jamais vu
auparavant cette étendue (à l’infini) d’eau. Il n’y avait pas de tombeaux de
saints. Au pied de la terrasse, des américaines en maillots, allongées sur le
dos, sur le ventre… Sur la terrasse du café des couples américains
s’embrassaient, de jolies fillettes marocaines passaient et repassaient à la
recherche de clients, tout en mettant en relief ce qu’elles avaient de plus
attirant (hanches, poitrine…). N’oublions pas que Kénitra était à ce moment la
capitale des américains au Maroc. Il y avait 3 grandes bases américains :
celles de Kénitra, celle de Sidi Slimane et celle de Sidi Yahaya à une
quarantaine de km de la ville de Kénitra. Les jeunes soussis du
« village » (quartier moderne de la ville) parlaient l’anglais avant
l’arabe et le français. En cas d’accidents ou de rixes…les deux polices étaient
là. La police américaine avait toujours le dernier mot.
La base de Kénitra était une véritable
ville. Pour y accéder, il fallait avoir un laissez-passer. Le jeune l’avait.
Deux jeunes de Beni-tadjit y étaient mariées. Une à un aviateur (du bled aussi), l’autre, une proche parente
mariée à un sous-officier de la famille du puissant général d’Oufkir.
La projection des films est quotidienne, des
gros magasins où les « clients » s’approvisionnaient. La marchandise
venait directement des USA à la base militaire. Aucun contrôle marocain. Le
mercredi était réservé aux princesses, Fatima Oufkir et autres femmes de grands
bonnets.
La mère ne s’évanouit pas. Pour se
désaltérer, elle prit un coca, son rejeton une bière.
Avec son père, le jeune
choisissait des endroits plus « marocains ».
Le père et la mère se
retrouvèrent à Kénitra pendant le ramadan. Le jeune et les deux collégiens ne
changèrent en rien leurs habitudes. La cuisine était bien approvisionnée. Le
couple préparait simplement ses repas de ramadan. Les parents, en bons pratiquants, n’ont
jamais fait de remarques sur les comportements « hérétiques » de
leurs enfants. Chacun faisait ce dont il était convaincu.
6- La
mère venait de temps en temps passer quelques semaines à Kénitra. C’étaient les
jours de fêtes. Les recettes des mamans sont toujours merveilleuses,
appétissantes.. Elle adorait cuisinait à base de poisson…
Pour que sa mère supportât
mieux sa nouvelle « vie de
citadine », le jeune acheta à crédit un téléviseur. Le premier jour, la
mère s’installa devant l’appareil. L’appareil causait arabe, puis français.
Elle n’avait rien compris. Elle dit à haute voix : est-ce qu’il ne
parle pas tamazight ? Son rejeton répondit : non ! Depuis ce
jour-là, elle préférait bouder l’appareil et cela jusqu’à son décès il y a une
douzaine d’années.
7-Le 17 juin 1972 vers 16
heures de l’après-midi, arrivé devant la direction de la « sureté
nationale » à Rabat, en tant qu’ancien résistant contre le colonialisme,
le père demanda à son fils : est-ce que vous avez des armes ? Ce
dernier répondit : non. Le père, les larmes aux yeux, dit alors : ne
donne aucun nom. Le père connaissait Amine, Zouhair et Hajji, membres de la
direction locale de l’organisation (Kénitra).