jeudi 4 février 2016

Sept jours en France

Sept jours en France
   En Partant du Maroc, l’avion n’a pas pu atterrir à Tours à cause du mauvais temps. Après une demi-heure de vol au-dessus de l’aéroport, l’avion s’était dirigé vers Nantes pour l’atterrissage forcé. Les passagers ont eu certainement peur. Je m’étais rappelé la réponse d’un intellectuel à qui on avait demandé comment il souhaiterait mourir. Il avait répondu : mourir dans un avion qui s’écrase. Certainement pour ne pas trop souffrir, ni faire souffrir les proches qui le prendraient en charge en tant qu’invalide. Je n’avais pas peur.
   Les passagers ont regagné à jeûne Tours par des cars. La compagnie n’a voulu dépenser aucun euro. Logique du capitalisme oblige !
   Arrivés à Tours, ma compagne et moi, nous oubliâmes très vite la mésaventure, la faim et la fatigue. Un tajine à la marocaine nous attendait…C’était un samedi.
  On nous invita à assister à une activité ayant pour thème «médias et immigration ».
Le dimanche, nous arrivâmes au lieu de l’activité. Des militant-es de NPA…nous accueillirent chaleureusement. Au fond de la salle se trouvait un « buffet ». Des volontaires ont amené chacun quelque chose : de délicieux gâteaux, du café et du thé. Pas de boissons alcooliques par respect aux habitants qui sont venus des quartiers populaires à majorité musulmane.
Les intervenants étaient un sociologue, membre de la CGT, venu de Paris, le deuxième, militant dans le monde des médias, journaliste, membre de NPA. Leurs interventions étaient très, très intéressantes.
   25 interventions de la salle (si je ne me trompe pas) avaient enrichi le débat.
Le travail que fait l’AMDH dans les bidonvilles de Mohammedia a eu son écho dans cette activité.
   Le mercredi 27 janvier, des amis français sont venus nous chercher pour aller faire connaissance avec la campagne de la "Touraine".
   Le bord de la Loire : paysage verdoyant, la quiétude y règne sans partage…Nous déjeunâmes à Chinon, ville martyre de la deuxième guerre mondiale. Nous avons visité la plus grande partie de la charmante ville, pris des photos des statues de François Rabelais (rappelons nous les mésaventures de Rabelais avec la « justice » ecclésiastique, son Gargantua…), de Jeanne d’Arc dont l’histoire ne fait pas l’unanimité des français…
En revenant à Tours nous visitâmes une grande cave de la région. La région de Tours pullule de caves.
  Une journée inoubliable.
   Nous avons fait aussi certains grands parcs de Tours. Dans un parc se trouve une petite bibliothèque. Bibliothèque non gardée. Elle est alimentée par des citoyen-nes. Les petits et les grands peuvent y puiser des connaissances sans contre partie aucune. N’oublions pas qu’au « Vieux Tours » se trouvent d’anciennes demeures de Balzac et de ses sœurs…A Tours se trouvent aussi des « jardins ouvriers ». Des petits lopins de terre, avec des cabanes pour les travailleurs qui habitent des appartements. Appartements dépourvus de verdure. Des fleurs, des cultures maraîchères.. y voient le jour. C'est très sympathique. Ces espaces appartiennent aux communes mais sont mis à la disposition des travailleurs pour une durée déterminée.
   N’oublions pas les grandes librairies (la Fennec…), cafés, restaurants… Chacun lit, consomme, regarde, s’habit sans censure.
   Cela ne veut pas dire que tout va bien en France. La précarité se voit dans la campagne, dans la crise de l’enseignement, dans le chômage, dans les rapports avec les "étrangers"…
Des français m’ont dit : en Suède, au primaire, vous avez des classes de 15 élèves avec 2 enseignant-es…Sont nombreux les français et les françaises qui rêvent d’aller vivre dans les pays nordiques. Le paradis terrestre, telle la Suède que nos moyenâgeux marocains détestent. L’Eglise profite de ces inquiétudes pour développer un enseignement privé et endoctriner les « faibles d’esprit ».
   Malgré tout cela, je n’oserais jamais comparer la situation française à celle du Maroc. Mon pays se trouve à des années de lumière des acquis arrachés par le peuple français.
  Je n'oublie pas les inoubliables moments de gaieté que nous avons passés en tant que parents et grands-parents avec les petits et les grands. C'était la raison de notre voyage.
      Ali Fkir, après la visite familiale à Tours

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire