mercredi 23 septembre 2015

Le temps passe, le crime résiste à l’oubli



Le temps passe, le crime résiste à l’oubli

   Nous étions 24 marxistes léninistes. Nous étions « installés » au Quartier G1de la sinistre « prison centrale de Kénitra ». Cette « maison centrale » accueillait les dangereux « taulards » et ceux qui sont condamnés à de lourdes peines. C’est un « joyau » que nous avons hérité de l’oncle gaulois.
  Nous étions séparés du quartier des condamnés à mort par un imposant mur. Dans ce dernier quartier se trouvaient, entre autres, des camarades (des rescapés) du martyr Cheikh Al Arab, tué (armes à la main) en Août 1964 à Casablanca : Atlassi, Al Haloui, Ben Hammou…, ainsi que 7 camardes du martyr Dahkoune : Idriss Méliani,Mohamed Lhajioui, Boujemaâ Miri, Boujemaâ Najah,Moha Ou Hammou Ouharfou, Saïd Ou Hsaïn Oukhoua, Mohamed Al Mouhtadi.
  Omar Dahkoune  a été exécuté (ainsi que 14 autres militants ittihadis) et ce, le 1er novembre 1973.
   A l’occasion d’Al Aïd Al Adha, Hassan II le tyran, avait ordonné leur exécution.
   Le matin du 27 août 1974, sous l’œil vigilant d’un maton, et comme à    l'accoutumée, les deux prisonniers de « droit » commun qui apportaient le « petit déjeuner » (petit déjeuner ? hhh une grande marmite remplie d’un thé mélangé au reste de la bouf du soir précédent), ont pu « trahir » la vigilance du maton,et nous communiquer la mauvaise nouvelle : les 7 prisonniers politiques ont été fusillés ce matin même 
Pour sceller définitivement le pacte de la réconciliation avec la direction (intérieure) de l’’UNFP/USFP, Hassan II avait offert en offrande aux Dieux de la tyrannie et de la trahison 7 vies humaines. 7 révolutionnaires ittihadis ont été sacrifiés sur l’autel du cynisme.
  Nous fûmes atterrés. Nous avons eu du mal à nous en remettre.
 En moi, et jusqu’aujourd’hui, la cicatrice n’a pas disparu. La blessure était trop profonde pour qu’elle puisse s’effacer sans laisser de trace.
   Sont heureux ceux qui ont la mémoire courte! 

                    Ali Fkir, le 23 septembre 2015

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire